Interview

France : "la psychiatrie s'est mise au service de la sécurité"

25 ans de psychiatrie en prison : quel bilan ?

Cyrille Canetti est psychiatre. Il exerce son activité auprès des personnes détenues, de 1996 à 2021, dans différentes prisons d’Île-de-France. Il intègre, durant deux ans, l’équipe de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (2014-2016). Il quitte, au printemps 2021, le Service médico-psychologique (SMPR) de la prison de la Santé. Il explique : “mon chef de pôle n’a pas souhaité me renouveler dans mes fonctions de chef de service, j’ai démissionné juste avant que la porte ne se referme sur moi. Aujourd’hui, j’ai pris du recul. Après une phase d’amertume, je me demande comment j’ai pu tenir si longtemps dans un environnement aussi violent et aussi absurde”.

Cyrille Canetti s’occupe désormais d’une consultation pour les personnes sortant de prison à l’hôpital Sainte-Anne de Paris. Nous l’avons rencontré. Interview (critique), sur la psychiatrie et la prison.

Le développement des soins en milieu pénitentiaire a contribué à refaire une place aux malades en prison.

“N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. La personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable. Toutefois, la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu’elle détermine la peine et en fixe le régime.”

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Une part de la psychiatrie s’est mise au service d’une société toujours plus avide de sécurité. Il s’agit de rendre la personne conforme et non plus de la soulager

La prison, telle qu’elle est conçue, fait sortir des personnes encore plus esquintées, plus pauvres, plus malades.