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France : "La prison n’est pas la solution idéale"

Le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) Aveyron-Lot, composé d’une vingtaine de personnes, suit actuellement 743 personnes, libres comme détenues, partant du postulat que toute personne peut changer.

On aurait tout à gagner à expliquer que la prison, peine reine en France, n’est pas la réponse à tout ou la solution idéale. L’arsenal pénal prévoit plusieurs autres peines”. La directrice du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) Aveyron-Lot Véronique Meunier, et son équipe d’une vingtaine de personnes, ont pour credo la prévention de la récidive par le contrôle et le suivi des peines, qu’elles soient exécutées en milieux ouvert ou fermé.

Au début du mois, 743 personnes bénéficiaient officiellement d’un accompagnement des équipes du Spip dans l’Aveyron, un chiffre qui comprend les 145 personnes détenues à la maison d’arrêt de Druelle, mais aussi – et surtout - 598 personnes (pour un total de 698 mesures) en milieu ouvert.

Qu’ils soient libres ou détenus, ces bénéficiaires sont rassemblés sous l’appellation de “personnes placées sous main de justice”, c’est-à-dire qu’à la suite d’une décision, elles sont incarcérées ou font l’objet d’une peine alternative à l’incarcération ou de mesures d’aménagement de peine.

“Notre postulat de base est que toute personne peut changer”,

affirme la directrice, qui s’appuie, dans cette ambition de réussir la réinsertion du plus grand nombre, sur un ensemble de mesures pénales comme le sursis avec mise à l’épreuve (SME), prononcé 422 fois cette année. Le SME dispense le condamné d’exécuter tout ou partie de la peine (prison et/ou amende) prononcée tout en le soumettant à certaines obligations, comme par exemple une peine de travail d’intérêt général (TIG), une mesure prononcée 136 fois depuis le début de l’année dans l’Aveyron.

Quatorze placements sous surveillance électronique

Vingt-neuf de ces personnes encadrées par le Spip en milieu ouvert le sont actuellement dans le cadre d’un suivi socio judiciaire (obligation de se soumettre à des obligations de surveillance et d’assistance), 20 sont placées sous contrôle judiciaire (une ou plusieurs obligations dans l’attente d’une comparution) et cinq sont sous le régime de la contrainte pénale (un suivi renforcé qui peut durer jusqu’à 5 ans). Par ailleurs 14 personnes sont actuellement placées sous surveillance électronique (bracelets électroniques), et depuis le début de l’année, 70 prévenus en ont bénéficié.

Il faut leur donner envie de revenir à un comportement socialement acceptable, casser un cercle vicieux. Isolement social et précarité peuvent être aussi bien la cause que la conséquence d’une condamnation”, analyse Véronique Meunier.

Éviter les “effets désocialisants de la prison

Ces mesures, couplées à l’accompagnement du Spip et d’autres partenaires, aboutissent à un taux de récidive très faible au regard de celui rencontré à l’issue d’une incarcération. “Sur ce type de mesures, il y a à peu près 10 % de personnes que l’on revoit”, souligne la directrice, mettant en avant que ces alternatives à l’incarcération permettent d’éviter “les effets désocialisants de la prison”.

Autre dispositif d’alternative à l’incarcération, qui fait recette dans le département : le travail d’intérêt général (TIG). “En 2017, 8 945 heures de TIG ont été réalisées et sept incidents (la personne ne se conforme pas à ses obligations) signalés. Cette année, on compte 6 195 heures, pour quatre incidents”, résume Véronique Meunier.

Les TIG, à la faveur du projet de loi Justice porté par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, pourraient prochainement bénéficier d’un coup de pouce, puisque le texte prévoit notamment d’élargir l’accès aux TIG en l’ouvrant à des collectivités ou entreprises. “Cela pourrait augmenter le nombre d’heures qui peuvent être prononcées à l’encontre des “TIGistes” mais aussi permettre d’accréditer davantage de structures et d’ouvrir le dispositif plus largement”, déclare la directrice du Spip Aveyron-Lot. Le projet de loi passera à la fin du mois devant les députés.

Surpopulation et tensions à la maison d’arrêt de Druelle

Mercredi soir, la maison d’arrêt de Druelle accueillait au total 145 détenus alors que l’établissement a été conçu pour en recevoir 110. Une situation dénoncée par Estelle Augusto, déléguée Ufap-Unsa justice, qui évoque une forte détérioration des conditions de travail des surveillants pénitentiaires, mais aussi des conditions de détention.

Mercredi, nous avions 26 matelas au sol et des détenus à deux voire à trois dans des cellules de 9 m2. La conséquence est qu’il y a beaucoup de tensions, des bagarres en ateliers, en cours de promenade, des incivilités avec le personnel. La surpopulation va crescendo depuis le mois d’août, et nous sommes très pessimistes pour l’avenir. Jusqu’à présent, on était privilégié à Rodez mais là, nous sommes nivelés vers le bas”, affirme la syndicaliste.

Contactée par téléphone, la direction de la maison d’arrêt n’a pas souhaité commenter cette situation.

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