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France : "ils sont surveillés de près"

En visite en prison, Eric Dupond-Moretti défend les quartiers d'évaluation de la radicalisation.

Le ministre de la Justice s’est rendu, ce lundi, à la maison d’arrêt d’Osny, dans le Val d’Oise où a été créé il y a trois ans, le tout premier quartier d’évaluation de la radicalisation. Un suivi pluridisciplinaire pour évaluer la dangerosité et le risque de radicalisation des détenus que le garde des Sceaux souhaite renforcer.

Alors que trois attentats ont frappé la France ces dernières semaines - devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Nice et Conflans-Sainte-Honorine, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a visité, lundi 16 novembre, le quartier d’évaluation de la radicalisation de la prison d’Osny, dans le Val d’Oise.

C’est dans cette maison d’arrêt construite à la fin des années 80 que le premier QER, quartier d’évaluation de la radicalisation, a vu le jour en février 2017. Nous sommes alors six mois après l’agression très violente à Osny de deux surveillants par un détenu radicalisé. Une agression qui remet en cause l’efficacité de la prise en charge de ces détenus particuliers.

Aujourd’hui, les prisons françaises comptent 503 détenus condamnés ou mis en cause pour des faits terroristes, 758 pour des faits de droit commun mais soupçonnés de radicalisation. À Osny, 10 détenus se trouvent actuellement dans le quartier d’évaluation de la radicalisation et ses cellules individuelles de 9 mètres carrés. Pendant quatre mois, ils sont soumis à une batterie d’entretiens avec des psychologues, des éducateurs, des conseillers d’insertion et de probation, un médiateur du fait religieux afin de repérer leur dangerosité, mais aussi tenter de les désengager de leur idéologie radicale.

Un travail pluridisciplinaire qu’Eric Dupond Moretti souhaite encore renforcer: “Je voudrais vous dire que tous ceux qui disent que rien n’est fait sont injurieux à l’égard du personnel pénitentiaire. Ma méthode n’est pas le blabla, c’est de recueillir ce que les acteurs de terrain ont à nous dire pour améliorer l’outil législatif réglementaire dont ils ont besoin.”

Un septième quartier d’évaluation de la radicalisation ouvrira le 7 décembre à Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, ce qui permettra d’évaluer chaque année en France 273 détenus pour terrorisme.

Mais la question qui préoccupe à la fois la justice et les services de renseignements, est celle des terroristes sortants de prison : 40 d’ici la fin de l’année, 64 l’an prochain, 46 en 2022. Ils seront tous suivis assure le ministre de la Justice.

“Chaque attentat nous apporte hélas malheureusement des expériences nouvelles et qui font que la loi, que le règlement s’adapte. Nous travaillons main dans la main pour régler ces questions qui taraudent tellement les Français. Et ce que je veux leur dire, c’est que les détenus terroristes sont pris en charge et que quand ils sortent, ils sont surveillés et surveillés de près”.

Une cellule nationale de suivi des sortants de prison, sous l’égide de l’Uclat, l’unité de coordination de la lutte antiterroriste, a d’ailleurs été créée. Car la sortie de détenus endurcis, condamnés à des peines lourdes, représente un véritable défi et une menace pour tous les acteurs de la lutte antiterroriste.

Dans ce domaine, le gouvernement a connu une déconvenue début août. La proposition de loi “instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes à l’issue de leur peine” a été en partie censurée par le Conseil constitutionnel. Le texte, qui prévoyait notamment d’imposer un bracelet électronique pendant 10 ans à un terroriste jugé très dangereux, est en cours de réécriture, a indiqué Eric Dupond-Moretti.