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France : François Bayrou en finira-t-il avec "la culture du cachot" ?

Le nouveau garde des Sceaux va devoir se confronter au défi de la surpopulation carcérale. Un dossier sur lequel tous ses prédécesseurs ont échoué.

“En finir avec la culture du cachot.” Ce sont quelques mots étonnants que Jean-Jacques Urvoas répète partout, ces derniers temps, en public comme en privé. Lui qui avait pourtant choisi, contrairement à Christiane Taubira, de ne pas utiliser une seule fois l’expression “aménagement de peine” dans sa circulaire de politique pénale, le texte fondateur de tout ministre de la Justice en début de règne… Jean-Jacques Urvoas avait publié la sienne en juin 2016. Un an plus tard, à l’heure de faire le bilan de la gauche Place Vendôme, force est de constater que la surpopulation carcérale n’a jamais été aussi élevée.

Les prisons débordent, et cela plombe toute velléité de réforme. “Le poids de la surpopulation pénale tue tout”, confiait le ministre il y a quelques jours, un brin fataliste. Au 1er avril 2017, 70 230 personnes étaient en prison, en augmentation de 2,7 % par rapport à avril 2016. Signe d’une certaine crispation des magistrats qui enferment davantage, le nombre de prévenus – les personnes qui n’ont pas encore été jugées – est lui aussi en très nette hausse (+ 5,9 %). 1 883 détenus dorment à même le sol, sur un matelas posé entre deux lits superposés, contre 1 645 il y a un an. Les conditions y sont désastreuses, aussi bien pour les prisonniers que pour les surveillants pénitentiaires. La promiscuité, les tensions et l’hygiène déplorable de nos prisons poussent les délinquants à récidiver aussitôt sortis.

C’est par la pénitentiaire que viennent toutes les angoisses

Alors que Christiane Taubira s’était lancée dans une politique audacieuse – mais contestée – visant à “penser la peine” en dehors de la prison, ses efforts ont été réduits à néant par le contexte sécuritaire et la menace terroriste. Mesure-phare de sa réforme d’août 2014, la contrainte pénale (une sanction à l’extérieur des murs d’une prison) est boudée par les juges. Un constat qui a poussé Jean-Jacques Urvoas à procéder à des ajustements fin 2016 et à annoncer un vaste plan de construction de places de prison. Lesquelles, très coûteuses, n’ouvriront pas leurs portes avant le prochain quinquennat…

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