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France: en 2019, près de 54 000 étrangers sans titre de séjour ont été enfermés

Avec la crise due au Covid-19, les éloignements sont devenus de véritables gageures et les centres de rétention administrative se sont vidés.

Chaque année, les associations présentes à l’intérieur des 23 centres de rétention administrative (CRA), antichambre des reconduites à la frontière, dressent un état des lieux de l’enfermement. Celui de 2019, qui devait être rendu public mardi 22 septembre, nous apprend que ce sont près de 54 000 personnes qui ont été enfermées dans des CRA, soit une hausse de 23 % sur un an. Plus de la moitié l’ont été outre-mer et principalement à Mayotte où, précisent les associations, parmi lesquelles La Cimade et Forum réfugiés-Cosi, quelque 3 000 enfants ont été concernés par ces placements. Cette tendance à la hausse de l’enfermement, confortée par des projets de construction de CRA à Lyon, Bordeaux et près d’Orléans, a toutefois été grevée par la crise sanitaire.

Dans un contexte de fermeture des frontières et de mise à l’arrêt des transports, les éloignements sont devenus de véritables gageures. Contraints, en outre, par les règles sanitaires pour éviter la propagation du virus, les CRA se sont vidés. D’après le ministère de l’intérieur, ils ne sont toujours remplis qu’à moitié aujourd’hui, ce qui ne manque pas de contrarier les ambitions du nouveau ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a encouragé les préfectures à rendre plus effectives les mesures d’éloignement.

“Pour faire du chiffre, on risque d’enfermer plus de Géorgiens et de Moldaves”, prédit un cadre de l’administration.

En 2019, ce sont les ressortissants algériens qui représentaient la nationalité la plus présente en CRA, avec 15,5 % des placements en métropole, devant les Albanais, les Marocains, les Tunisiens et les Roumains. Ces cinq nationalités ont représenté près de la moitié des enfermements. En 2020, la crise sanitaire a rendu les expulsions vers les pays du Maghreb particulièrement difficiles, les pays imposant un test Covid-19 négatif dans des délais difficiles, voire impossibles à tenir.