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France : en 2019, ils sont morts en prison

Chaque année, le collectif les Morts de la prison lit publiquement les noms des détenus morts entre les murs. Le rassemblement n’ayant pu se tenir cette année, “Libération” publie cette liste, qui s’allonge déjà des premiers morts du coronavirus.

Tribune. Depuis plusieurs semaines, le Covid-19 heurte de plein fouet la prison et son organisation. Le 17 mars, pour la première fois, un homme de 74 ans est décédé de la pandémie entre les murs. Selon les derniers chiffres, on compte déjà 48 cas positifs et 925 détenus en confinement sanitaire. Bien sûr, le personnel pénitentiaire et sanitaire est logé à la même enseigne : 1 mort parmi les surveillants et 114 cas positifs… La question de la mort en prison ne peut continuer à être minorée. Personne ne veut mourir seul en prison, loin des siens.

Le rassemblement public organisé par le collectif les Morts de la prison (1), initialement prévu ces jours-ci et reporté pour cause de confinement généralisé, tente d’apporter un peu de réconfort aux familles. Il veut donner un visage à tous ces détenus qui meurent «en» prison et «de la» prison, quelle que soit la cause de leur décès. Malgré les efforts des personnels pénitentiaires, le système carcéral augmente objectivement les risques chez les personnes les plus fragiles et ce, quel que soit leur âge. En 2019, le plus jeune de ces morts avait 17 ans, et le plus âgé, 67 ans. Les murs des prisons qui dissimulent ces morts ne doivent pas occulter la responsabilité citoyenne qui est la nôtre, ne serait-ce que parce que les peines sont prononcées “au nom du peuple français”.

Le 20 mars, le Comité européen pour la prévention de la torture a émis quelques principes : étant donné que les contacts rapprochés favorisent la propagation du virus, des efforts concertés devraient être mis en œuvre par toutes les autorités compétentes pour recourir à des mesures de substitution à la privation de liberté. Les autorités devraient en outre recourir davantage aux alternatives à la détention provisoire : peines de substitution, libération anticipée, mise à l’épreuve. En France, le ministère de la Justice a décidé par ordonnance la libération et sous certaines conditions de 5 000 détenus, afin de désengorger les prisons en raison de la propagation du Covid-19 en détention. Si une épidémie pouvait induire une prise de conscience dans la gestion des peines de prison, souhaitons que cela soit celle-ci : la prison n’est pas toujours la bonne solution. Le suicide des détenu(e)s ne peut être une alternative. Ces femmes et ses hommes ne veulent pas mourir en prison.

(1) Impulsé il y a douze ans par Roch-Etienne Noto-Migliorino, ancien infirmier carcéral, le collectif les Morts de la prison rassemble le Secours catholique, Farapej, les petits frères des pauvres, la Cimade, les Morts de la rue, le Courrier de Bovet, avec le soutien de l’OIP, l’Acat, l’aumônerie catholique des prisons, Genepi…

Ils sont morts en prison en 2019 :

Le 11 janvier, un homme, 29 ans, cause indéterminée.

Le 21 janvier, un homme, 38 ans, suicide.

Le 23 janvier, un homme, 17 ans, pendaison.

Le 1er février, un homme, 18 ans, pendaison.

Le 2 février, Gauthier, 21 ans, pendaison.

Le 4 février, Moussa, cause indéterminée.

Le 12 février, un homme, 61 ans, pendaison.

Le 21 février, un homme, 48 ans, pendaison.

Le 21 février, Zacharia, 21 ans, cause indéterminée.

Le 23 février, un homme, 24 ans, cause indéterminée.

Le 13 mars, un homme, pendaison.

Le 17 mars, un homme, 45 ans, cause indéterminée.

Le 18 mars, un homme, 21 ans, pendaison.

Le 26 mars, Marc, 61 ans, pendaison.

Le 28 mars, un homme, 63 ans, pendaison.

Le 2 avril, un homme, 43 ans, pendaison.

Le 5 avril, Jean-François, 59 ans, mort naturelle.

Le 9 avril, un homme, 20 ans, pendaison.

Le 15 avril, un homme, 23 ans, pendaison.

Le 20 avril, un homme, 50 ans, cause indéterminée.

Le 26 avril, un homme, 31 ans, suicide.

Le 27 avril, un homme, 25 ans, pendaison.

Le 27 avril, un homme, 27 ans, pendaison.

Le 28 avril, un homme, pendaison.

Le 2 mai, Christophe, 45 ans, pendaison.

Le 5 mai, un homme, 25 ans, pendaison.

Le 7 mai, un homme, 64 ans, pendaison.

Le 1er juin, un homme, 34 ans, pendaison.

Le 2 juin, un homme, 27 ans, pendaison.

Le 22 juin, un homme, 44 ans, pendaison.

Le 28 juin, Rogério, 56 ans, cause indéterminée.

Le 28 juin, un homme, 56 ans, suicide.

Le 29 juin, un homme, 20 ans, pendaison.

Le 29 juin, un homme, 50 ans, pendaison.

Le 6 juillet, un homme, suicide.

Le 13 juillet, un homme, 19 ans, suicide.

Le 20 juillet, un homme, suicide.

Le 21 juillet, un homme, pendaison.

Le 26 juillet, un homme, 45 ans, pendaison.

Le 29 juillet, Hector, 34 ans, suicide.

Le 3 août, un homme, 29 ans, cause indéterminée.

Le 22 août, un homme, 19 ans, pendaison.

Le 25 août, Mickaël, 40 ans, pendaison.

Le 31 août, une femme, 38 ans, pendaison.

Le 31 août, un homme, 27 ans, pendaison.

Le 7 septembre, un homme, 23 ans, pendaison.

Le 9 septembre, un homme, 24 ans, pendaison.

Le 13 septembre, un homme, 20 ans, pendaison.

Le 13 septembre, un homme, pendaison.

Le 14 septembre, un homme, 37 ans, pendaison.

Le 17 septembre, un homme, 60 ans, pendaison.

Le 22 septembre, Mickaël, 33 ans, pendaison.

Le 23 septembre, un homme, 34 ans, pendaison.

Le 24 septembre, un homme, 67 ans, pendaison.

Le 30 septembre, Tom, 37 ans, pendaison.

Le 1er octobre, un homme, 35 ans, pendaison.

Le 3 octobre, un homme, 59 ans, pendaison.

Le 17 octobre, un homme, 20 ans, pendaison.

Le 22 octobre, Patrick, 62 ans, crise cardiaque.

Le 27 octobre, Johnny, 30 ans, pendaison.

Le 31 octobre, un homme, 54 ans, pendaison.

Le 8 novembre, un homme, 19 ans, mort naturelle.

Le 10 novembre, un homme, 16 ans, pendaison.

Le 17 novembre, un homme, 61 ans, pendaison.

Le 25 novembre, un homme, pendaison.

Le 10 décembre, un homme, 31 ans, pendaison.

Le 11 décembre, un homme, 36 ans, pendaison.

Le 13 décembre, Fabien, pendaison.

Le 17 décembre, une femme, pendaison.

Le 18 décembre, un homme, 50 ans, pendaison.

Le 30 décembre, un homme, 46 ans, pendaison.