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France : de la prison au confinement, une sortie "surréaliste"

Pour tenter de lutter contre les contaminations au coronavirus, des milliers de détenu·es sont libéré·es dans le monde.

Alors que l’ONU appelle à la libération urgente de détenu·es à travers le monde pour éviter que le Covid-19 ne se propage en prison, quitter sa cellule en pleine pandémie n’est pas chose aisée.

Des milliers de personnes vivent pourtant cette situation, notamment en Iran, où 85.000 prisonnièr·es ont été libéré·es provisoirement pour éviter que le virus ne fasse des ravages dans les prisons souvent surpeuplées. En France, les détenu·es sont près de 3.500 à avoir bénéficié d’une libération anticipée depuis le début des mesures de confinement. Ce chiffre pourrait bientôt grimper jusqu’à 6.000 selon la ministre de la Justice.

Sortir de prison et goûter à nouveau au plaisir de la liberté tout en étant obligé·e de rester confiné·e entre quatre murs, ce n’était sûrement pas le scénario imaginé par ces personnes.

Difficulté à trouver un emploi

Arbi, sorti du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin le 26 mars, s’est confié au journal Ouest-France. Après environ huit années passées derrière les barreaux, il regrette notamment de ne pas pouvoir vivre à nouveau une vie normale, alors que les rues et les villes sont aujourd’hui désertes.

L’homme de 41 ans parle avec amertume de ses derniers jours de prison, qu’il compare à un nid à microbes. Dans sa famille, en région rennaise, il profite au moins du luxe d’avoir un balcon. “Après des années dans 9 m², c’est le palace”, plaisante-t-il.

Mais une fois dehors, la réinsertion n’est pas aisée. À part quelques paperasses administratives qu’il a pu faire à distance, comme l’ouverture d’un compte bancaire et l’inscription à Pôle emploi, Arbi se retrouve vite face à un mur. “Je suis sorti avec un vrai élan de passer à autre chose, j’ai plein de projets. Mais, pour le coup, retrouver du travail dans ces conditions, pour respecter mes obligations, c’est compliqué”, explique-t-il à Ouest-France.

Une sortie “surréaliste”

D’autres, comme Annie, une Américaine en libération conditionnelle depuis novembre dans l’Arizona, profitent de chaque instant de cette nouvelle vie, et peu importe si un virus rode.

Être libérée de prison alors que le coronavirus se propageait a été un moment “surréaliste”, raconte-t-elle à Vice. Tandis que le monde se confine dans la peur, elle préfère savourer les joies de la solitude, qu’elle n’avait pas connue depuis plusieurs années. Après trente-huis mois dans une prison de l’État de Washington, elle se réjouit de pouvoir se doucher seule, cuisiner pour elle et jouer avec ses deux chats.

Ce contraste entre la peur des autres et son bonheur à elle la fait parfois culpabiliser. “Je me sens un peu coupable d’être heureuse quand tout le monde a si peur. Mais je me sens tellement reconnaissante d’avoir une maison où je peux me mettre en quarantaine”, ajoute Annie.

Depuis qu’elle est sortie de prison, les règles carcérales se sont durcies aux États-Unis, en raison de la contamination au Covid-19 de cinquante-sept détenu·es et trente-sept gardien·nes. Désormais, l’ensemble des 170.000 prisonnièr·es des prisons fédérales américaines sont placé·es à l’isolement total pour au moins deux semaines.