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France : à Villepinte, une journée avec la femme qui bouscule la prison

A 33 ans, elle dirige la maison d’arrêt de Villepinte, un mastodonte de béton surpeuplé où la moitié des caïds ont moins de 25 ans. Léa Poplin détonne. Perchée sur ses talons, ongles vernis, la jeune directrice casse les codes et mène la révolution au bulldozer pour éviter l’explosion.

Tout se vole en prison, même les kiwis. Des centaines de kiwis. Le casse des fruits s’est déroulé samedi en cuisine, avant le déjeuner. Un larcin qui s’ajoute au bilan tendu du week-end délivré ce lundi matin à la directrice, Léa Poplin, dans une salle à l’étage de la maison d’arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis. À 9h50, ce samedi, 17 g de stupéfiants ont été dissimulés au parloir, relève un gradé en polo bleu. C’est qui, la famille ? s’enquiert la chef, brushing impeccable. La mère et la sœur du détenu, prises sur le fait.
À 11h30, un prisonnier a refusé de remonter de promenade. Le surveillant a eu le doigt cassé, il doit se faire opérer, poursuit le gradé. Nouveaux incidents à 17h40 et 20h15, deux mineurs en permission ont regagné leur cellule éméchés et en retard. À l’avenir, s’ils puent l’alcool, on ne les prend pas , décrète Léa Poplin. Et pour dimanche ? Une bagarre au bâtiment D. On croit souffler. C’est mal connaître Villepinte, l’une des plus grosses prisons d’Ile-de-France, où le profil des petits nouveaux incarcérés figure sur un registre que feuillette à haute voix le gradé : Il y a un détenu placé seul, suicidaire élevé. Je l’ai rencontré, il est anxieux, nerveux et menace de passer à l’acte si on lui met quelqu’un en cellule.

Parmi les hôtes du week-end, on trouve également deux “terro” (terroristes) et un “radicalisé” venus gonfler le record qui tombe chaque lundi. Comme ce jour de décembre 2016 où l’on dénombre 1 092 détenus pour 587 places, 60 matelas au sol !

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