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Europe : le confinement a réduit la surpopulation carcérale

Le confinement de la population décidé dans la plupart des pays européens a entraîné une réduction du taux d’incarcération. Dix pays, dont la France, restent en situation de surpopulation carcérale

Une étude du Conseil de l’Europe publiée jeudi révèle que les mesures de confinement imposées dans de nombreux pays européens ont réduit le nombre de détenus dans les prisons. “Même si c’est sur une courte période (mi-mars à mi-avril), la propagation de la pandémie a eu un effet direct sur l’emprisonnement : la grande majorité des administrations pénitentiaires ont montré des taux d’incarcération en baisse ou stable”, souligne cette étude réalisée par l’Université de Lausanne (Suisse) pour le Conseil de l’Europe.

“Quatre administrations pénitentiaires qui ont annoncé une surpopulation au 1er janvier 2020 avaient nettement réduit leur densité carcérale au 15 avril (Chypre, Italie, France et Slovénie) tandis que la Suède, seul pays à ne pas confiner sa population, a rejoint le groupe des pays aux prisons surpeuplées”, ajoute l’étude.

14% des détenus libérés en France

Sur 43 administrations ayant fourni leurs données jusqu’à mi-avril, vingt ont indiqué avoir libéré des détenus pour limiter la propagation du Covid-19 en recourant à des mesures comme “l’amnistie, la libération anticipée ou provisoire et d’autres alternatives à la privation de liberté”. “En moyenne”, ces administrations “ont libéré 5% de leur population (plus de 128 000 détenus)”, indique l’étude.

Ce nombre inclut la France, qui a libéré 14% de ses détenus (soit 10 188 détenus), un chiffre qui “englobe toutes les libérations (comme celle des détenus ayant purgé la totalité de leur peine) et pas uniquement celles correspondant aux mesures de prévention du Covid-19”. Outre les mesures préventives pour limiter la propagation de l’épidémie, la baisse du niveau d’emprisonnement peut aussi s’expliquer par la diminution d’actes criminels pendant la période de confinement et l’activité réduite du système judiciaire, avance encore l’étude.

Les prisons n’ont pas échappé au virus

Malgré cela, dix pays restent en situation de surpopulation carcérale, avec plus de 100 prisonniers pour 100 places : Turquie, Roumanie, Grèce, Hongrie, Chypre, Italie, France, Serbie, République tchèque et Autriche, rappelle le Conseil de l’Europe.

La plupart des administrations pénitentiaires européennes ont été touchées par des cas de coronavirus : quinze ont eu des personnes malades à la fois parmi les prisonniers et le personnel pénitentiaire, quatorze uniquement parmi le personnel.

Le Conseil de l’Europe a publié également jeudi son étude annuelle sur les peines alternatives à l’emprisonnement comme la surveillance électronique, les travaux d’intérêt général, l’assignation à résidence ou la liberté conditionnelle. Le recours à ces mesures a progressé sur le continent européen, avec + 7,9% du nombre de personnes placées sous la surveillance de services de probation entre début 2018 et début 2019, soit 1,7 million de personnes pour les 28 services ayant communiqué leurs données.