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États-Unis : la détresse des détenus libérés en pleine pandémie

Trouver un emploi ou un logement en sortant de prison n’est jamais tâche facile. Mais la réinsertion sociale est d’autant plus dure pour les prisonniers américains qui se retrouvent dehors dans un pays à l’arrêt, en pleine crise sanitaire et économique.

“John Mele ne s’attendait pas à sortir de prison si tôt, rapporte The New Republic. La peine de cet homme, âgé de 48 ans, devait être soldée trois mois plus tard. Il était incarcéré à la suite d’une condamnation pour vol, cambriolage et conduite d’un véhicule malgré une suspension de permis. Mais il a été libéré fin mars d’une prison du New Jersey.”

Ces dernières semaines, ils sont des milliers à avoir reçu l’ordre inespéré “de plier bagage et de partir”. Face au risque de propagation du Covid-19 dans les prisons surpeuplées et insalubres du pays, le gouvernement fédéral américain a accéléré la libération de nombreux prisonniers. Avec près de 2,3 millions de personnes sous les verrous, la pandémie a rapidement semé un vent de panique parmi les détenus et les gardiens et une politique de désengorgement est devenue nécessaire.

D’autant plus que les mesures de prévention ont été tardives. Pas de gel hydroalcoolique et des chaussettes en guise de masques pour les prisonniers. D’ailleurs les gardiens non plus n’avaient pas encore de masques quand on lui a annoncé sa sortie, raconte John Mele.

Sans carte d’identité ni portefeuille

Ces libérations anticipées sont loin d’être des cadeaux. Du jour au lendemain, la porte est ouverte mais beaucoup n’ont nulle part où aller. Ils sortent sans filet et peinent à trouver un toit pour leur nouvelle quarantaine qui commence, imposée cette fois par le Covid-19. “Je n’avais pas de pièce d’identité, pas de portefeuille, rien”, explique Mele.

Certains de ses codétenus se sont tournés vers les foyers pour sans-abri mais lui craignait qu’un logement instable ne le fasse replonger dans la drogue. “Si je dois choisir entre un foyer et la prison, autant être en prison.”

“En temps normal, la réinsertion sociale est déjà une épreuve”, rappelle The New Republic. Les anciens détenus font face à une montagne d’obstacles logistiques pour trouver un emploi, un logement et parfois réapprendre à vivre en société. Autant de facteurs d’instabilité qui augmentent les risques de récidive.

Double handicap

Les associations d’aide à la réinsertion sont démunies face à la situation. Les foyers sont déjà pleins et les demandes trop nombreuses. Pour les rares places disponibles, la compétition est rude est les anciens détenus partent avec un double handicap, souligne Nancy La Vigne, responsable de la politique judiciaire à l’Urban Institute.