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El Salvador : tricot et peinture en prison pour des ex-membres de gangs repentis

D’épaisses mains tatouées tricotent habillement, un peu plus loin, un homme peaufine une peinture d’Elsa, l’héroïne de la Reine des neiges: dans cette prison du Salvador, d’ex-membres repentis de gangs ultra-violents cohabitent et se forment en vue de leur réinsertion.

Ce petit pays d’Amérique centrale constitue, avec le Guatemala et le Honduras, le «Triangle du nord», tristement célèbre pour ses records de criminalité.

Mara Salvatrucha (MS-13) ou Barrio 18, les “maras” -comme on appelle ici les gangs- font régner la terreur dans cette région sans guerre qui affiche le taux d’homicide le plus élevé du monde. Ces bandes comptent 70.000 membres actifs au Salvador.

La MS-13, née dans les rues de Los Angeles, en Californie, est citée à longueur de discours par Donald Trump pour justifier sa rhétorique anti-immigration. Il a récemment qualifié ses membres, dont environ 10.000 vivent aux Etats-Unis, d’“animaux sauvages” pour dénoncer leur cruauté.

La scène serait impensable ailleurs: sous la tôle ondulée du centre pénitentiaire de San Francisco Gotera, à 161 kms à l’est de la capitale, les ennemis jurés de ces deux factions rivales suivent des cours ensemble dans le cadre d’un projet de réinsertion porté par l’église évangélique.

On regrette terriblement d’avoir appartenu à ce gang et tout ce temps perdu à filer un mauvais coton”, déclare à l’AFP Moises Linares, 30 ans et un énorme “18” tatoué sur le front. Il a déjà purgé 12 ans pour extorsion.

Il y a un peu plus de deux ans, Moises était un des détenus les plus violents. A présent, il forme les autres au métier de boulanger que lui a transmis sa grand-mère quand il avait 13 ans.

D’une capacité de 300 détenus, cette prison en compte près de cinq fois plus -1.585 - la plupart avec de lourdes peines pour homicide, extorsion et appartenance à des organisations criminelles.

Père et fils, ex-ennemis

En août 2016, les autorités de cet établissement ont commencé à “classer” les détenus souhaitant abandonner leur gang pour participer au programme “Je change” qui établit la règle de “zéro temps libre” dans les prisons qui l’adoptent, explique le directeur des centres pénitentiaires du pays, Marco Tulio Lima.

Il y a un changement de comportement (chez ces détenus) qui favorise leur réhabilitation. Il y a un désir d’abandonner définitivement leur bande au point de demander à se faire effacer les tatouages”, fait-il valoir.

Ici, les visites et la consommation d’alcool sont interdits.

Le Salvador, grand comme la moitié de la Suisse, a enregistré en 2017 3.954 homicides, soit 60 pour 100.000 habitants, un des taux les plus élevés de la planète, selon les chiffres officiels.

Pour ces criminels repentis, les tatouages qui recouvrent leurs corps des pieds à la tête, ont longtemps été des signes d’appartenance aux gangs. Mais à présent ils voudraient s’en débarrasser.

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