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Danemark : la prison de Horserod, un modèle à suivre ?

La semaine dernière, six députés français ont visité la “prison ouverte” de Horserod. Objectif : comprendre comment le Danemark – qui incarcère peu – traite ses détenus et obtient d’aussi bons résultats en termes de réinsertion.

Œilletons aux portes, barreaux aux fenêtres, sas grillagés… rien de tout cela à la prison de Horserod, dans la banlieue nord de Copenhague. Exit les coursives : ici, les cellules – ouvertes en journée – donnent sur un couloir étonnamment calme avec, en prime, une belle lumière tamisée et une enfilade de posters d’art contemporain. Sérénité garantie. Là où les prisons françaises saoulent le visiteur par leurs agressions sonores continues, la prison de Horserod détonne par son silence. Knud, cheveux ras et mini queue-de-cheval en haut du crâne, fait volontiers visiter sa cellule : “Voici ma chambre.” Dans ses 12 m2, un lit, un bureau et quelques effets personnels. Un espace qu’il n’a à partager avec aucun codétenu, la surpopulation carcérale n’existant pas au Danemark.

Sa fenêtre donne sur un petit espace vert et, au loin, sur le “bâtiment des activités”, doté d’une bibliothèque, d’un café Internet et d’une église. “On a une vie vraiment normale ici”, lance le détenu. À quelques mètres de sa cellule, une assistante sociale veille sur les nouveaux arrivants. “Nous évaluons les besoins de chacun en termes social, psychologique, thérapeutique”, explique-t-elle. “On s’adapte à chaque client.” Le terme surprend, mais elle persiste à ne pas parler de “détenu”.

Dans cette atmosphère feutrée où les condamnés sont libres de leurs mouvements, Michael, surveillant en chef, n’a à gérer ni leurs allées et venues (promenade, parloir), ni la fermeture des cellules. Sa mission : s’assurer que ce lieu pacifié… le reste. Et ça marche. On lui fait toutefois remarquer son talkie-walkie doté d’une alarme à la taille. Sa réponse fuse : “En vingt-cinq ans de carrière, je ne l’ai jamais utilisé !”

La quiétude des lieux tient au fonctionnement particulier de Horserod. Construit en 1917, l’établissement a été transformé en prison ouverte trente ans plus tard. Les 220 condamnés incarcérés ici peuvent donc sortir pour aller travailler à l’extérieur ou pour se rendre chez le médecin. Une fois toutes les trois semaines, ils peuvent passer le week-end en famille. “Moins de 1 % d’entre eux abusent de leur liberté, assure Lene Moller-Nielsen, directrice de l’établissement. Ils n’ont aucun intérêt à ne pas jouer le jeu.” En cas de manquement, la sanction est simple : c’est le renvoi en prison fermée.

Le système fonctionne tellement bien qu’il a été généralisé. Au Danemark, tous les condamnés à moins de cinq ans de prison sont par défaut incarcérés en prison ouverte – 1 200 individus actuellement. Les longues peines – près de 1 000 personnes – intègrent un établissement fermé.

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