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Canada : un premier centre d'injection supervisée dans une prison canadienne

Le pénitencier de Drumheller, dans le sud de l’Alberta, s’apprête à ouvrir un centre d’injection supervisé à l’intérieur même de ses murs, selon le syndicat des agents correctionnels du Canada. La mesure, qui constituerait une première au pays, marque un changement d’approche important des autorités face à la consommation de substances illégales dans les prisons fédérales.

Le centre offrira des seringues propres aux prisonniers, en plus de leur fournir la supervision d’un membre du personnel médical lorsqu’ils s’injectent la drogue.

La mesure vise à réduire le partage des aiguilles usagées et, du même souffle, la propagation des maladies entre les détenus. Elle vise également à protéger la santé des gardiens et des gardiennes à qui incombe présentement la tâche de disposer des seringues utilisées et d’intervenir dans les cas de surdoses.

Les agents sont les premiers répondants lorsqu’un détenu fait une surdose, explique Jeff Wilkins, qui préside le syndicat des agents correctionnels du Canada. C’est nous qui allons dans les cellules, c’est nous qui effectuons les manoeuvres de réanimation, c’est nous qui procurons les premiers soins, mais nous ne sommes pas des médecins ni des infirmiers.

Le nombre de surdoses à l’intérieur des prisons fédérales a plus que doublé en quelques années au Canada, notamment en raison de la prolifération du fentanyl et du carfentanyl dans les pénitenciers.

En 2013, Service correctionnel Canada comptait 40 surdoses à l’intérieur de ses institutions; 2017 a vu ce nombre bondir à 88. Parmi les 330 surdoses survenues entre ces deux périodes, 51 ont lieu entre les murs de la prison de Drumheller - plus que dans tout autre centre carcéral du pays.

Ouverture d’ici la fin du mois

Le syndicat des agents correctionnels maintient que le centre d’injection supervisée ouvrira d’ici la fin du mois de juin. Pour l’instant, six des 49 établissements fédéraux ont mis en place un programme d’échanges de seringue, mais l’initiative à Drumheller serait une première.

C’est le moindre mal, croit Jeff Wilkins, du syndicat des agents correctionnels. Nous ne voulons pas devoir manipuler les seringues et intervenir auprès des détenus en surdose. Nous ne sommes pas formés pour ça.

L’implantation d’un centre d’injection supervisée soulève cependant un paradoxe. Le trafic de drogues demeurera illégal, mais la consommation d’une substance illicite sera désormais encadrée. Selon Jeff Wilkins, il s’agit d’être réaliste envers ce qui prévaut en milieu carcéral.

De la drogue en prison, ce n’est pas nouveau, souligne le président du syndicat des agents correctionnels. La drogue entre de plus en plus par drones, la nuit. Je pense que la philosophie de Service correctionnel Canada, c’est de tenir compte de cette réalité et de limiter les dégâts. Service correctionnel Canada a fait publiquement part, en mars, de sa volonté d’établir des centres d’injection supervisée dans ses établissements. Il n’a pas toutefois pas confirmé que le centre de Drumheller ouvrirait dans les prochaines semaines.

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