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Canada : abus et discrimination à l’encontre de personnes détenues pour des raisons liées à l’immigration

Des milliers de migrants sont détenus, des changements structurels sont nécessaires.

Le Canada place chaque année en détention des milliers de personnes pour des raisons liées à l’immigration, y compris des personnes en situation de handicap, et souvent dans des conditions abusives, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et Amnistie internationale dans un rapport conjoint, à quelques jours de la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin.

Ce rapport de 100 pages, intitulé “Je ne me sentais pas comme un être humain : La détention des personnes migrantes au Canada et son impact en matière de santé mentale” (rapport complet en anglais, résumé et recommandations en français), établit que les personnes migrantes en détention, y compris celles ayant fui des persécutions pour venir chercher protection au Canada, sont régulièrement menottées, enchaînées, fouillées et enfermées avec un accès limité ou nul au monde extérieur. Leur date de libération n’étant pas définie, cette détention peut durer des mois, voire des années. Nombre de personnes migrantes sont incarcérées dans des prisons provinciales, aux côtés de parmi la population carcérale générale, et sont souvent mis en isolement cellulaire.De plus, les personnes en situation de handicap psychosocial font face à la discrimination tout au long du processus.

Durant la période avril 2019 - mars 2020, le Canada a placé en détention 8 825 personnes âgées de 15 à 83 ans, dont 1 932 personnes dans des prisons provinciales. Durant la même période, 136 enfants, dont 73 âgés de moins de 6 ans, ont été “hébergés” afin de ne pas être séparés de leurs parents détenus. Human Rights Watch et Amnistie internationale ont constaté que, depuis 2016, le Canada avait maintenu plus de 300 personnes migrantes en détention pendant plus d’un an.

Le système canadien de détention liée à l’immigration et ses pratiques abusives contrastent vivement avec le multiculturalisme et les valeurs d’égalité et de justice qui font la réputation du Canada dans le monde entier”, a déclaré Ketty Nivyabandi, Secrétaire générale d’Amnistie internationale Canada anglophone. “Amnistie internationale et Human Rights Watch appellent les autorités canadiennes à mettre fin aux traitements inhumains des personnes dans le système d’immigration et de protection des réfugiés en abolissant progressivement la détention liée à l’immigration au Canada.

Le Canada se targue d’être une terre d’accueil pour les réfugié·e·s et les nouveaux arrivants alors qu’il s’agit de l’un des rares pays de l’hémisphère nord où les personnes en quête de sécurité risquent d’être enfermées pour une durée indéterminée“, a fait remarquer Samer Muscati, directeur adjoint de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch.

Les personnes migrantes racisées, notamment celles qui sont noires, semblent être incarcérées pendant de plus longues périodes, et ce souvent dans des prisons provinciales. En 2019, la majorité des personnes détenues pour des raisons liées à l’immigration pendant plus de 90 jours venaient de pays africains.