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Belgique : l'attentat de Liège relance le débat sur les prisons

*Un attentat et beaucoup de questions. C’est une Belgique sous le choc qui a poursuivi, mercredi, l’enquête sur le parcours et les motivations de Benjamin Herman, l’homme de 31 ans qui a abattu mardi deux policières et un étudiant, à Liège.

La piste du terrorisme islamiste, de suite privilégiée, semble se confirmer : des sources sécuritaires ont confirmé aux médias que ce délinquant multirécidiviste (vol, trafic de drogue), emprisonné mais en permission de sortie mardi, se serait radicalisé en prison. Dans la soirée, le groupe Etat Islamique a revendiqué l’attentat.

Examen de conscience

Ce drame a relancé le débat, toujours sensible en Belgique, sur les prisons et leur gestion. Sur les permissions d’abord, de nombreuses voix s’indignant qu’un homme connu pour ses accès de violences et dans le radar des services de sécurité depuis un an pour ses contacts accrus avec des islamistes radicaux ait pu obtenir un bon de sortie temporaire.

Comment est-il possible que quelqu’un qui était condamné pour des faits quand même graves ait pu quitter sa prison ?”, a déclaré Alexander de Croo, le vice Premier ministre. Le ministre de la Justice, Koen Gens, a affirmé se sentir comme “responsable” de la tuerie de mardi. “Est-ce que cet homme aurait dû être libéré dans le cadre d’une permission pénitentiaire ? C’est une question qui interpelle et ça mérite un examen de conscience de ma part”, a-t-il déclaré à la RTBF.

Il s’agissait de la quatorzième permission pénitentiaire accordée à Benjamin Herman, incarcéré depuis 2003. Elle devait l’aider à préparer une éventuelle réinsertion, a indiqué le ministre.

Surveillance accrue

Le débat repart également, comme en France, sur la radicalisation en prison, fléau de plus en plus prégnant au Plat pays aussi. “Il y avait des signaux de radicalisation en prison mais est-ce que cette radicalisation a mené à ces actions ? […] On doit attendre le résultat de l’enquête”, a tenté de temporiser le ministre de l’Intérieur Jan Jambon alors que le sujet domine dans les médias belges et que le pays recense 237 détenus identifiés comme islamistes radicaux.

Les plus extrémistes font déjà l’objet de traitements spécifiques, basés sur un contact réduit ou quasi nul avec les autres détenus. “La surveillance est très accrue, pour ne pas dire oppressante”, explique l’avocat pénaliste Nicolas Cohen dans le quotidien “Le Soir”.

Sur une base volontaire, un détenu peut aussi faire appel à l’accompagnement du “Centre d’Aide de toute personne concernée par les Extrémismes et Radicalismes Violents” (Caprev). Créé début 2017, il privilégie la piste du désengagement, avec un suivi ne visant pas à faire abandonner une croyance mais à renoncer à toute action violente. Mais seuls une trentaine de détenus y ont jusqu’ici fait appel.

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