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Au Sénégal, des députés veulent durcir les sanctions contre l’homosexualité

La proposition de loi vise à "lutter contre toute perversion dans l’espace public" en instaurant notamment des peines allant de cinq à dix ans de prison ferme.

Rendez-vous a été pris à l’Assemblée nationale à Dakar. Ce mercredi 22 décembre, le collectif And Samm Jikko Yi, fondé notamment par l’ONG islamique Jamra, doit remettre à un groupe de députés une proposition de loi dont l’objectif est de durcir les peines punissant l’homosexualité au Sénégal. Si l’initiative bénéficie d’un soutien dans une partie de l’opinion publique, elle inquiète la communauté LGBT, déjà fortement discriminée. Actuellement, l’article 319 du Code pénal punit d’un à cinq ans d’emprisonnement toute personne qui aura commis un “acte contre-nature avec un individu de son sexe”. Mais les treize députés qui portent la nouvelle proposition de loi veulent aller plus loin. “L’objectif est de lutter contre toute perversion dans l’espace public. Ces personnes doivent respecter la société dans laquelle elles vivent et faire ce qu’elles veulent en privé. La liberté a ses limites”, explique Moustapha Guirassy, qui a participé à l’écriture du texte.

Dans sa version actuelle, celui-ci propose que toute personne qui aura été reconnue coupable de “lesbianisme, homosexualité, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie et autres pratiques assimilées” soit punie d’une peine de cinq à dix ans de prison ferme et d’une amende de 1 à 5 millions de francs CFA (de 1 524 à 7 622 euros).

Selon ses promoteurs, le renforcement des sanctions pénales rendra la nouvelle loi dissuasive. “L’article 319 ne mentionne pas et ne définit pas clairement l’homosexualité, donc cela ouvre une brèche pour l’impunité des personnes accusées”, explique Mame Moctar Gueye, porte-parole de Jamra, qui reproche aux homosexuels d’“envahir l’espace public”.

Dans le texte, les définitions de certains termes, comme « lesbiennes », sont imprécises. Quant à l’homosexualité, elle est mise au même niveau que la zoophilie et la nécrophilie, toutes considérées comme des déviances sexuelles. Le document pourrait encore changer en commission des lois, reconnaît Mame Moctar Gueye : “Ce texte n’est pas définitif, il pourrait être remodelé et réécrit par des spécialistes, mais l’esprit général restera.”