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"Au Brésil, les prisons surpeuplées sont une aubaine pour le crime organisé"

Après deux tueries en quelques jours, César Muñoz, de l’ONG Human Rights Watch, analyse l’état de non-droit du système carcéral.
Deux bains de sang à quelques jours d’intervalle (59 morts à Manaus lundi, et 33 à Roraima vendredi) sont venus rappeler l’état catastrophique des prisons au Brésil, où personne n’est capable d’empêcher les membres des gangs de s’entre-tuer.

Dénoncée de longue date par les défenseurs des droits humains, la situation ne fait pourtant qu’empirer. L’ONG Human Rights Watch (HRW) lançait le 4 janvier un cri d’alarme:“L’Etat doit reprendre le contrôle de son système carcéral, passé aux mains des groupes criminels, et garantir la sécurité de tous les prisonniers.” Basé à São Paulo, l’expert César Muñoz est chargé du dossier prisons au sein de HRW.

Comment travaillez-vous ?

L’intérêt de HRW pour la condition des prisonniers est ancien, et ces deux dernières années, nous avons publié deux rapports sur le sujet. Je visite régulièrement des prisons. En octobre, j’ai pu entrer dans une maison d’arrêt pour femmes. J’ai été admis dans la zone réservée aux détenues enceintes et aux jeunes mamans, mais la direction m’a refusé l’accès aux autres espaces. “Nous ne pouvons pas y assurer votre sécurité”, m’a-t-on dit. Ce qui prouve que les autorités ont en grande partie renoncé à contrôler l’intérieur des prisons. Les clés des pavillons étaient d’ailleurs aux mains des certaines détenues, pas des gardiens.

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