Témoignage

Le 1er avril 2017, Ali Aarrass a commencé sa dixième année de détention. Il est maintenu en isolement, malgré la décision du 27 mars 2017 du Comité des Nations unies contre la torture ordonnant au Maroc de mettre fin à ce régime.

Ce belgo-marocain est arrêté pour la première fois en 2006 par l’Espagne sur demande du Maroc. Il est soupçonné de terrorisme. Il est extradé, en 2010, illégalement vers le Maroc. La justice marocaine le condamne à quinze ans de prison ferme en première instance, puis à douze ans en appel. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a réclamé, en vain, sa libération en 2013. Ali Aarrass a subi de nombreuses tortures dans les prisons marocaines.

Sa soeur, Farida Aarrass, lui rend visite le 27 février 2017, à la prison de Tiflet 2. Elle raconte.

Ce témoignage a été initialement publié sur le site Free Ali le 19 mars 2017.

C’est sûrement la joie à l’idée de retrouver Ali qui me rend si euphorique. Suis-je vraiment prête à me réconcilier avec l’ensemble. Je ne sais pas… C’est une question que je reporte à plus tard.

Les deux avocats discutent entre eux, de différentes choses, moi je ne pense qu’au moment des retrouvailles avec mon frère.

Pour moi c’est constamment l’incertitude. Je ne sais pour ainsi dire, jamais, ce qu’il en sera.

Je suis choquée d’assister à cette façon de faire. C’est comme si je devais marchander mais inutilement puisqu’ils ont sûrement reçu des ordres de presque tout refuser.

J’ignorais totalement que j’allais être malmenée, humiliée, subir de tels attouchements en guise de fouilles corporelles.

"On veut éteindre mon humanisme, mais cela leur sera impossible, car comme tu vois, je l’entretiens d’une manière ou d’une autre. Farida, je ne sais combien de temps je vais pouvoir tenir ainsi…"

J’ai le cœur gros, la tristesse me l’a ravagé.

Je n’ai pas réalisé immédiatement que je suis seule à faire ce chemin. Que je suis seule en arrivant là et qu’il n’y a personne pour m’ouvrir les portes.

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Comité Free Ali

Le Comité Free Ali est créé en 2009 par Farida Aarrass, la soeur de Ali Aarrass, et Luk Vervaet, enseignant en prison.

Le Comité Free Ali sensibilise l’opinion publique sur l’innocence d’Ali, sur son extradition illégale par l’Espagne vers le Maroc, sur la torture pendant ses dix jours de garde à vue, sur son procès inique et sur ses conditions de détention à Salé II et Tiflet 2. Il questionne également les dérives dans la guerre anti-terroriste et le racisme d’Etat vis-à-vis des citoyens belges ayant la double nationalité marocaine.

Le Comité organise des séances d’information, des manifestations et des actions coup de poing. Il s’entoure d’avocats, de parlementaires, d’artistes et d’organisations des droits de l’homme, telles qu’Amnesty international et la Ligue des droits de l’homme de Belgique.