Analyse Tribune

Afrique : la santé au-delà des épidémies

Frédéric Le Marcis est anthropologue. Il s’intéresse aux réponses épidémiques et au milieu carcéral dans différents pays africains. Voici son regard.

Dans le cadre du projet ‘Comprendre et réduire le recours à l’incarcération’ mené dans dix pays, ICPR et Prison Insider mobilisent différentes personnes à l’expertise avérée. Celles-ci font part de leur point de vue. Découvrez-les.


La santé en prison reste un parent pauvre du système carcéral. Faute d’une approche globale, les prisonniers comptent sur leurs familles, des ONG et des programmes internationaux pour accéder aux soins dont ils ont besoin.

Les infirmeries des établissements pénitentiaires, quand elles existent, sont rarement intégrées au système de santé global. Les administrations pourvoient peu aux besoins vitaux des détenus. Les carences alimentaires sont fréquentes, les maladies de peau récurrentes et les détenus dépendent le plus souvent des moyens financiers de leurs familles ou d’ONG lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins. Ces difficultés, soulignées par l’épidémie de Covid-19, ne sont pas nouvelles. Elles s’additionnent à l’illégitimité sociale de la population des détenus et la réticence des États à proposer aux condamnés ce qu’ils ne garantissent pas à la population générale.

Ce texte est un résumé d’un article paru dans Santé publique. La version intégrale est accessible gratuitement.

Un désintérêt pour la santé s’opère, au profit de la sécurité.

Le rapport entre milieu carcéral et épidémies (VIH, Hépatite C et tuberculose) est décrit comme un “Perfect Storm“

Les caractéristiques structurelles, géographiques et du pouvoir en milieu carcéral déterminent la façon dont les individus, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, aisés ou pauvres, font face à la maladie.

La prison s’apparente à la négation des droits alors qu’elle est censée rétablir le contrat entre le citoyen et la société.

prof_frederic_le_marcis_portrait.jpg

Frédéric Le Marcis

Frédéric Le Marcis est anthropologue. Il s’intéresse aux réponses épidémiques et au milieu carcéral dans différents pays africains. Professeur d’anthropologie à l’ENS de Lyon, actuellement en accueil au sein de l’UMI 233 TransVIHMI (Université de Montpellier, IRD, INSERM), en affectation au CERFIG (république de Guinée)

Le projet

Comprendre et réduire le recours à l'incarcération

Cette recherche comparée et projet d’orientation politique a été mené par l’Institute for Crime & Justice Policy Research (ICPR), basé à Birbeck (université de Londres). Ce travail a conduit ICPR à mobiliser de nombreuses organisations, personnes issues du milieu universitaire et intervenant en détention dans différents pays. Le croisement de ces regards permet d’entrevoir les causes et conséquences d’un recours excessif à l’incarcération. Au cours des dernières étapes de sa recherche, ICPR a collaboré avec Prison Insider pour rendre compte du quotidien des personnes détenues avant et durant l’épidémie de Covid-19. Des personnes à l’expertise avérée ont été ensuite sollicitées pour donner vie et matière aux principaux points soulevés par la recherche. Ses résultats embrassent cinq grand thèmes, accessibles depuis le menu déroulant.
Toutes les informations ici publiées sont de la seule responsabilité d’ICPR.